Une des nourritures de base des Kirghizes est le koumiss, lait de jument
fermenté... Le lait de jument commence à fermenter dès
2 heures après la traite, et le soir, il commence à être
franchement redoutable pour les estomacs occidentaux.
Je préfère ne pas vous décrire la saveur inimitable
de ce breuvage, juste vous donner une anecdote : l'hospitalité
Kirghize est sans égale, et refuser ou ne pas finir un bol de koumiss
est une grave offense... Il nous a donc fallu des trésors de diplomatie
pour arriver à faire comprendre, en Kirghize et avec les mains,
que nous préférions vraiment le thé !
Le rythme de la transhumance est assez élevé, nous avons passé près de 9 heures en selle pour la journée la plus longue, souvent au galop pour rassembler les troupeaux.
Les chevaux ouvrent la marche, leur rythme de progression étant le plus rapide. Viennent ensuite les moutons et les chevaux malades ou fatigués, puis enfin les yaks.
Pour chaque troupeau, nous étions au moins 3 cavaliers (1 sur chaque flanc, 1 derrière).
Nous avons traversé de grands plateaux herbeux, des rivières asséchées et pierreuses, pour parvenir à une région de haute montagne, aux sommets culminant à plus de 5000 m.
Cette région est frontalière de la Chine, et pour atteindre la zone de pâturages d'été de Makene, nous avons dû passer un poste frontière, dans une ambiance digne d'un film de James Bond : uniformes de l'ex-URSS, aucune construction à des dizaines de km à la ronde, une vallée à près de 3500 m d'altitude, cernée de pics infranchissables...
Passer ce poste avec nos chevaux a été une expérience
mémorable, surtout lorsque le poste frontière a ensuite
envoyé un "espion" au camp de Makene pour surveiller
"discrètement" ce que nous filmions.
Mais comme toutes les personnes présentes sur le camp appartenaient
soit à la famille de Makene, soit à notre équipe,
il a été rapidement identifié, et a passé
les jours suivants derrière le cameraman à contrôler
chaque plan !
La yourte a été installée à l'entrée d'une gorge qui mène aux cols vers la Chine (infranchissables en raison de la neige).
Nous y sommes restés 2 jours pour nous remettre de la fatigue de la transhumance, et avant de rentrer vers la capitale, Bishkek.
Les troupeaux restent en liberté complète comme à Chritikti (ce n'est pas l'espace qui manque et ils ne partent jamais bien loin, en tout cas pas assez loin pour ne pas pouvoir être rattrapés à cheval). Seuls les poulains des juments qui doivent être traites le lendemain sont attachés à proximité de la yourte pour qu'elles ne s'éloignent pas.
Une chute de neige nous a donné l'occasion de vérifier que tous les enfants du monde, Ourouk Bek inclus, adorent les batailles de boule de neige, la photo ci-contre nous en, fournit la preuve (il m'a loupée, trop à gauche !).
Makene et sa famille devraient rester à Korgon Tash jusqu'au mois d'août, avant de redescendre vers Chirikti, au climat moins rude pour l'automne.
Une jeune fille qui nous a chanté des airs traditionnels en s'accompagnant du koumous, un instrument à cordes local.
La plupart des chansons sont tirées de l'épopée de Manas, qui avec ses 500 000 vers, compose sans doute la plus longue des épopées, une "Iliade des Steppes" où un héros invincible, le khan Manas, luttant contre les hordes qui ont envahi de tous temps cette partie de la Route de la Soie, donne une terre à son peuple.
Notez le mur en torchis derrière elle, mélange de terre et de paille.
Les Kirghizes vivent quasiment en autarcie des produits de leurs troupeaux. Chaque famille fabrique son feutre, qui sera transformé en couvertures de yourtes et tapis. Nous avons rencontré une famille occupée à cette tâche : la laine est étalée sur un grand tapis et recouverte d'une couche de paille. Le tout est ensuite roulé et les femmes et les enfants marchent sur le rouleau pendant au minimum 2 heures. Cela a pour effet de compacter la laine, qui forme ensuite du feutre, les différentes couches étant isolées par la paille. Le rouleau est ensuite ouvert, la paille enlevée et le carré de feutre peut maintenant être nettoyé avant usage sur la yourte.
Les marchés aux bestiaux sont le centre de vie des nomades, l'endroit où chacun se rassemble régulièrement, vend ses bêtes et achète les quelques produits qu'il ne fabrique pas lui-même.
Le cheval ci-dessous est un étalon vu sur le marché d'At
Bashi. Il était superbe, et sa robe réellement dorée
venait du sang akkal tekke, le pur sang du Turkmenistan voisin, célèbre
en France pour l'étalon de cette race qui avait été
offert à François Mitterrand il y a quelques années.
Les marques sur sa croupe montrent qu'il appartenait à un kolkhoze
du temps de l'ex-URSS.
Il existe quelques maisons dans la région d'At Bashi, issues du programme de sédentarisation soviétique.
Elles n'ont jamais de salle de bains, mais ont parfois un sauna (photo ci-contre), dont le look est assez éloigné des saunas finlandais, mais qui sont très appréciables après des jours passés à se laver dans une rivière à 2°C !
Le printemps est la période des naissances, chaque matin, plusieurs
agneaux, poulains et bébés yaks étaient nés
dans la nuit. Ceux qui étaient trop faibles pour suivre la marche
étaient portés à dos de cheval pendant des heures
souvent au galop.
Le poulain sur la photo ci-dessous venait juste de naître, mais
sa mère attaquait violemment à chaque tentative de lui prendre
le poulain pour le transporter à cheval. Il a donc dû suivre
la transhumance en marchant, première expérience difficile
!
Un des bébés yaks nés pendant la transhumance et porté par un des cavaliers a été rejeté par sa mère, certainement stressée et fatiguée par la transhumance.
Nous l'avons donc gardé sous la yourte, au chaud sous une peau de mouton. La grand-mère de la famille de Makene le nourrissait à la cuillère toutes les heures. Quand nous sommes partis, il avait déjà 5 jours et semblait tiré d'affaire !
Korgon Tash, dont le nom signifie "forteresse de pierre", est situé à environ 3500 m au coeur des Tien Shan, dans la zone frontalière avec la Chine. Nous y avons affronté un climat assez hostile, avec chutes de neiges, orages plusieurs fois par jour, et des effets dus à l'altitude très sensibles (hémorragies, maux de tête, nausées, manque de souffle, fatigue...).
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