Juillet 2012, au détour d'un road trip me menant de la petite ville de Lulea aux îles Lofoten en Norvège, je fais halte à Kiruna, pour deux jours hors du temps, à cheval en Laponie... |
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Nous avons roulé toute la journée, depuis Lulea, située à 400 km plus au Sud, ne nous accordant qu'un bref détour vers les chutes de Storforsen...
Kiruna, petite ville perdue au milieu d'un vaste pays sauvage, n'est pourtant pas la destination finale de notre voyage. Nous contournons l'imposante mine de fer LKAB, richesse de la région, et continuons notre route encore plus loin,
en direction de la ferme équestre où nous sommes attendus pour la nuit.
Au creux de la vallée et en bord de rivière, nous voici au royaume du cheval islandais ! Une écurie tout confort, avec de grands paddocks et une carrière accueille la cavalerie, mais aussi les cavaliers, dans de belles chambres d'hôtes, face à un panorama exceptionnel. |
Une petite marche dans la lumière du soir si particulière dans ce pays où le soleil ne se couche jamais nous mène jusqu'à un enclos où sont gardés quelques rennes apprivoisés et peu farouches. Premier contact pour moi avec cet animal si typique de la région ! |
Le lendemain matin, nous quittons le confort de nos lits pour partir en expédition. Nous faisons connaissance avec nos montures. La mienne se prénomme Elja, une belle jument islandaise aux crins fournis. Nous embarquons chevaux et matériel dans le van et prenons la route vers le point de départ de notre randonnée, à une vingtaine de kilomètres de là, plus loin dans la vallée. Nous sellons les chevaux au bord de la rivière et partons dans les bois à flanc de montagne. La météo n'est pas très favorable aujourd'hui, et les chevaux nous montrent rapidement qu'ils ont le pied sûr sur ce chemin humide et escarpé ! |
Nous atteignons notre campement après 1h30 de chevauchée dans les bois. Au milieu de...rien, au pied d'une montagne et à l'entrée de la lande d'altitude, un tipi traditionnel same nous attend. Nous dessellons les chevaux et nous réfugions dans le tipi, où le poêle est allumé. Au menu de ce midi, des "beignets" fourrés à la viande de renne, au maïs, champignons et fromage de brebis, cuits dans du papier alu à même le poêle. Nous mangeons assis sur les peaux de rennes qui tapissent le tipi, en bavardant avec notre très sympatique guide, Jenny ! Pour le café, nouvelle découverte gastronomique puisque Jenny nous invite à plonger dans nos tasses des petits bouts d'un fromage typique de la région, sans grand goût mais qui crisse sous la dent. Original ! |
Dehors, le temps se dégage peu à peu. Nous sellons les chevaux pour 14h et repartons de notre camp en traversant un ruisseau.
Cet après-midi, nous parcourons la lande d'altitude à cheval. Ici, il n'existe aucun chemin. La végétation rase et le sol meuble permettent des allures soutenues, et c'est au rythme du tölt de nos chevaux islandais que nous découvrons sans cap précis notre "terrain de jeu", entre les sommets enneigés et la vallée en contrebas. Ca et là, et malgré une température avoisinant 15°C, des petites étendues de neige éternelle nous rappellent que nous sommes bien à plus de 300 km au Nord du Cercle Polaire Arctique. Un "peeping bird" nous accompagne sur une partie de notre chevauchée, laissant entendre régulièrement son cri caractéristique. Au coeur de la lande, une petite cabane désertée témoigne de la présence des humains, lors de la montée des troupeaux de rennes en estives. |
Nous chevauchons plus de trois heures dans cette grande étendue sauvage, loin de toute civilisation. Nous sommes déconnectés du temps et bien incapables de deviner l'heure qu'il est, car le soleil, qui a finalement bien voulu se montrer, est encore haut dans le ciel lorsque nous regagnons notre campement.
Nous dessellons les chevaux et les enduisons de produit anti-moustiques, qui sont ici nos prédateurs les plus redoutables !
Jenny et son accompagnatrice Hannah allument un feu et partent chercher de l'eau à la rivière. Commence ici un cours de cuisine façon "Gastronomie suédoise en pleine nature" ! Nous coupons un bel oignon qu'Hannah fait revenir sur le feu dans une poèle qui n'en est pas à son premier bivouac, alors que l'eau bout dans une marmite sur les buches enflammées. Pour le dîner, nous reprenons donc un peu de viande de renne poêlée, accompagnée d'un chou et d'une purée de pommes de terre que Jenny agrémentera d'une herbe aromatique cueillie derrière le tipi ! Pour le dessert, la découverte gastronomique se poursuit : dans l'eau bouillante sont plongés des fruits secs coupés en petits morceaux, ainsi qu'un peu de fécule de pomme de terre. Le résultat donne une soupe de fruits chaude bienvenue après cette journée passée au grand air ! |
A 20 heures, nous avons terminé de dîner et Hannah a fait la vaisselle dans l'eau pure et limpide de la rivière. Nous n'avons pas prévu de jeux de cartes, et craignons de trouver le temps un peu long, d'autant que le soleil ne se couchera pas cette nuit... Avis aux sportifs, nous décidons donc de partir à l'assaut du sommet au pied duquel nous campons.
L'ascension n'est pas facile, car ici encore, il n'existe aucun chemin, et nous devons traverser le bush, et parfois escalader des rochers pour atteindre le haut de cette petite montagne. Le jeu en vaut la chandelle ! Après 40 minutes d'ascension, nous voilà sur un haut plateau, avec une vue à 360° sur la région. Nous sommes entourés par les montagnes et en contrehaut d'une belle vallée. Au loin, le campement est à peine visible. Nous faisons halte quelques instants pour reprendre notre souffle et profiter du panorama exceptionnel qui s'offre à nous, dans la lumière du soir si particulière à cette région du monde. Nous redescendons vers le campement à 23 heures. Il fait bien évidemment encore jour ! La lumière ne nous empêchera pas de trouver rapidement le sommeil, après cette journée active, confortablement installées sur les peaux de rennes dans le tipi réchauffé par le poèle. |
Ce matin, la météo n'est toujours pas favorable... Nous sommes réveillés vers 9h par Jenny qui vient allumer le poèle pour faire chauffer le café. Nous restons donc au sec pour le petit déjeuner...
Après avoir rangé le campement, nous nous mettons en selle vers 10h30. Il ne pleut plus, mais la lande est dans le brouillard. Nous mettons le cap vers l'Ouest ce matin afin de rejoindre Nikkaluokta avant la tombée de la nuit... que dis-je, avant le soir. Nous manquons de repères visuels dans ce brouillard dense et Jenny doit avoir recours au GPS à plusieurs reprises. L'ambiance est mystique : nous découvrons le paysage au fur et à mesure que nous avançons. Un lac s'ouvre à nous, puis de gros blocs de pierre nous donnent l'illusion d'être entourés de grands herbivores... Alors que le brouillard finit par se lever progressivement, nous apercevons au loin l'ombre d'un élan sous les arbres. Tout est silencieux et paisible et nous glissons dans ce paysage surréaliste, tels des hobbits sur leurs poneys en Terre du Milieu... |
Nous redescendons vers la forêt et faisons halte pour le pique-nique près d'un étang aux eaux limpides. Nous dessellons les chevaux et tirons une cloture pour délimiter leur enclos, alors qu'Hannah allume un feu. Ce midi, nous nous réchauffons avec une soupe, et mangeons des sandwiches de polar bread avec de la viande de renne et du fromage.
Nous nous remettons rapidement en selle après avoir effacé les traces de notre passage et chevauchons dans les bois. Nous sommes à l'affut, dans l'espoir d'apercevoir un élan, et pourquoi pas un glouton, petit prédateur de la région, ou un loup... Mais nous n'apercevons qu'une belle perdrix dans la descente très escarpée que nous effectuons à pied. En bas, c'est le choc. Nous rejoignons une route goudronnée dans la vallée et pour la première fois depuis deux jours, nous entendons le bruit d'un moteur de voiture. C'est le retour à la civilisation, que ces deux courtes journées nous ont fait oublier... Le temps s'est levé et la vallée est dégagée. Autour d'une large rivière se dressent des montagnes aux sommets enneigés. Nous töltons sur le macadam pour atteindre la deuxième base du centre équestre, à Nikkaluokta. Sous le soleil, nous dessellons les chevaux et les reconduisons au pré. |
Ainsi s'achève notre courte expédition en contrée lapone, deux jours de déconnexion complete, en immersion dans la nature...
et malgré la météo peu clémente, ce fut une expérience inoubliable, que je conseille à tous les cavaliers qui n'ont pas peur de partir en expédition, sans électricité, téléphone ni salle de bains !
Chloé.
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de notre randonnée équestre estivale en Laponie suèdoise .