La Cordillère des Andes fait partie de ces "terrains de jeux" privilégiés pour les amoureux d'aventures à cheval. La réputation de "Salta la Belle" nous a incitées à aller découvrir l'étonnante diversité de paysages et de végétation de cette région, également célèbre pour abriter la plus forte population de descendants des Incas. Je suis donc partie avec Coralie, ma filleule, et Anne, une amie, retrouver sur place 3 amis argentins et nos guides. Voici le récit de nos aventures équestres !
Sabine Grataloup |
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Tout d'abord, honneur à nos montures, de valeureux petits Criollos (prononcez à l'Argentine "criejo") qui se sont adaptés à l'altitude et à l'environnement désertique qui les entoure.
Nos selles sont typique de ce qu'on peut trouver dans toutes les régions de tradition gaucho, avec cependant une spécificité de la région de Salta : une sorte de tapis de selle en cuir travaillé qui part en pointe vers l'avant et vers l'arrière.
Les mules de bât sont tenues en longe par deux gauchos, dont l'origine Inca est évidente.
Leur équipement est traditionnel du "gaucho Salteño", le gaucho de Salta : bombachas (pantalon large), et surtout les impressionnantes guardamontes (larges pièces de cuir qui se fixent de chaque côté de la selle et reviennent par-dessus la jambe pour la protéger de la végétation).
Nous commençons notre progression par la remontée d'une rivière qui serpente au milieu d'une étrange forêt dont les arbres sont couverts de lychens et d'orchidées. Ce versant de la Cordillère des Andes bloque les nuages et reçoit donc beaucoup de précipitations qui permettent le développement d'une végétation inhabituelle.
Nous progressons le long - et souvent dans - la rivière. Peu à peu, quelques cactus apparaissent sur les rives, mais la végétation reste assez dense.
Au loin se dessine le col que nous devons franchir ce soir.
Nous arrivons en fin de journée à une sorte de petit refuge aux murs de terre, qui surplombe la vallée que nous avons remontée. Il se situe juste à la lisière de la forêt, et plus haut nous devinons une végétation beaucoup plus rase.
Encore quelques efforts et nous arrivons en haut du col, dans des alpages avec des vues complètement dégagées sur les cordillères successives qui se découpent sur le ciel parfaitement bleu.
Quand nous atteignons des altitudes auxquelles le bétail n'accède pas, le sol est couvert d'herbes ondulantes d'un jaune très clair qui rappelle les images typiques de la Pampa ou du Paramo de l'altiplano.
Pause avec vue...
L'autre côté du col nous découvre une immense vallée rouge et désertique, barrée par une cordillère entièrement minérale, où les strates de roches s'étagent en un camaieu d'orange, rouge, beige et jaune.
Le contraste avec la végétation luxuriante juste de l'autre côté du col est saisissant. Nous sommes passés en quelques km d'une forêt dense à une pampa d'altitude, puis à un véritable désert rouge qui rappelle l'Arizona !
Les premiers cactus géants apparaissent dès que nous arrivons dans la vallée. Ce sont en fait quasiment les seules plantes qui arrivent à pousser dans cet environnement complètement sec.
Une pause est bienvenue après ces chevauchées spectaculaires. Les mules de bât transportent des tables de camping aux pieds amovibles, des chaises pliantes... et quelques bonnes bouteilles de vin.
Rando en autonomie, d'accord, mais on a quelques principes tout de même !
Amblayo (prononcez "Amblajo", toujours à l'Argentine, vous vous y ferez...) est un tout petit village très isolé, sans électricité, qui préserve un mode de vie simple et authentique. Nous dormons chez les gauchos qui nous accompagnent.
Nous profitons de notre passage à Amblayo pour distribuer des chaussures dont les enfants avaient besoin. L'institutrice avait noté les pointures de chaque enfant, et nos valeureuses mules de bât ont transporté leur précieux chargement à travers les montagnes. La distribution a réjouit les enfants !
Nous quittons Amblayo pour nous engager dans cette vallée rouge qui nous intrigue depuis que nous avons passé le col, tout là haut dans la Cordillère...
Nous nous prenons pour les 7 Mercenaires (oui, il en manque 2, ce sont eux qui prennent les photos), et ne résistons pas à l'envie de faire quelques photos bien... "cliché" !
Le terrain plus ouvert permet des allures plus soutenues.
Les cactus forment parfois de véritables forêts, et peuvent atteindre plus de 6 mètres de haut.
Nous progressons dans de spectaculaires canyons de terre rouge couronnés de cactus.
Une oasis accueille notre pause de midi, le contraste entre le vert fluo des saules pleureurs, le rouge de la terre et le vert brillant des cactus est saisissant.
A la sortie d'un dernier canyon étroit et rougeoyant, une nouvelle surprise nous attend : l'espace s'ouvre sur un immense plateau herbu à perte de vue avec juste un immense volcan en toile de fond. Nous sommes sur l'altiplano, et c'est maintenant en Patagonie ou en Mongolie que nous avons l'impression d'être transportés !
Nous avons un peu trop abusé des arrêts-photo-cactus et c'est à une allure rapide que nous traversons ces vastes étendues, pour atteindre l'estancia perdue dans cette immensité qui nous accueillera pour cette nuit.
Cette randonnée équestre dans une des régions les plus étonnantes de la Cordillère des Andes a bien tenu ses promesses : une variété unique de paysages, passant de la forêt dense à la pampa d'altitude, puis à un désert de cactus géants, pour terminer dans l'immensité de l'altiplano. Nous avons également été agréablement surprises de la qualité de la logistique, qui ne fait cependant aucun compromis avec l'authenticité de l'aventure.